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Ancre 1
PRINTEMPS ÉTÉ
Le temps d'un été à Barbizon.
Les roues de mon vélo Gitane entravent les pavés de la rue des artistes, putain de pavés... L'air est sec et chaud, je mange la poussière.
Mes cheveux fraîchement lavés, cependant encore emmêlés, glissent sur les courbes des légers courant d'air, comme le souffle de dieu. J'imagine le nid se former sur le derrière de mon crâne, souriant au vent je ferme les yeux, "cette matinée c'est comme une danse".
Un violent klaxon m'extirpe de ce moment de grâce et me rappelle que je roule sur la seule route fréquentée du joli village de Barbizon.
Je jette mon vélo dans la jardinière sur le parvis de l'hôtel, je traverse la pièce principale à grandes enjambées.
Pittoresque écrin d'artistes, dans la Folie, le temps y semble suspendu, le mobilier, les tableaux , les oeuvres n'ont pas d'âge... On est ailleurs, on est enfin chez nous.
Un visage familier m'éblouie par son sourire, je stoppe net ma course, j'embrasse Lionnel. C'est l'heure de mon cours de peinture avec Alejandro, argentin plutôt réservé, brun et charmant, pas très grand et viril. Alejandro porte toujours une salopette de pompiste, c'est sérieux la peinture.
Aujourd'hui c'est moi la muse. J'enfile la robe en voile de lin couleur sable qu'il a mis à ma disposition dans le sas d'entrée de son lumineux atelier. L'odeur de la térébentine me gratte la gorge et saute aux yeux, j'ôte mes sous-vêtements, il me l'a demandé j'ai accepté, la robe est presque transparente mais seuls les rayons du soleil passent au travers, la voix suave des Hermanos Guttieres résonne dans l'enceinte, se mêlant aux champs des peluches colonisatrices du bois de Fontainebleau, le soleil innonde la pièce, les rideaux de coton blanc créent des zones d'ombre, il fait chaud, il y a des éclats de couleur partout... C'est magistral.
Je me pose contre le mur baignait de lumière, les bras le long du corps, la tête légèrement relevée et l'oeuvre naît petit à petit, avec une joie dans le coeur et la passion des jours heureux....
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